À nous de jouer !

DE

C PAS FINI - Un témoignage des occupant.x.e.s de la ZAD de la colline

Le film

C PAS FINI est un court-métrage proposant une réflexion à plusieurs voix sur l’action directe, l’implication de l’État et du capital et les effets de la répression.

Réalisation : Lara Schroeter


Synopsis

Automne 2020, Vaud : la Colline du Mormont, est occupée. C’est la première zone à défendre (ZAD) de Suisse, s’opposant à l’extension de la carrière de ciment d’Holcim, menaçant le plateau de la Birette.

Au printemps 2021, l’occupation est évacuée.

Les voix de cinq des occupant.x.e.s font revivre leurs souvenirs de ce moment. L’accablement émotionnel s’est peu à peu transformé en analyse rationnelle. Beaucoup de souvenirs paraissent lointains à présent, et beaucoup de choses auraient été faites différemment aujourd’hui, mais certaines expériences restent gravées dans les mémoires et ne s’effaceront pas de sitôt. Au fil du récit, émerge une question complexe :

Qu’est-ce que cela fait d’être livré à l’arbitraire de la police au nom du capital et de l’État ?

Couche après couche, les pelleteuses enlèvent la roche, mais les souvenirs restent.


Note d’intention

Après avoir connu la vie à la ZAD de la colline et vécu son évacuation, je suis retourné.e à Lucerne. Pourtant j’ai gardé un lien proche avec le collectif désormais dispersé. Depuis cette position entre proximité et distance géographique, j’ai pu observer les processus que nous avons traversé pendant les semaines, mois, années après cet événement marquant. J’ai vu beaucoup se passer au niveau de la santé mentale des individus du collectif. J’ai observé des positions politiques se clarifier et évoluer encore et encore. Et peut-être le plus important pour moi, j’ai vu comment nous nous remettions en question nous mêmes, constamment, de façon très différenciée. Cette remise en question se trouvait en grand écart avec l’image que donnaient les médias et l’opinion publique dominante. À travers ce film, j’ai donc voulu créer un espace pour des voix de ZADistes, un espace qui invite le public à les entendre comme moi je les perçois : intelligentes, humbles, honnêtes. Et qu’il puisse développer à travers cet approche émotionnelle plus de compréhension pour les motifs des militante.x.s, leur façon d’agir, leur colère.


La ZAD de la colline : C’est quoi ?

La ZAD (zone à défendre) de la Colline était située sur la colline du Mormont, près d’Éclépens et de La Sarraz, en Suisse (VD). Première ZAD de Suisse, elle avait pour but d’empêcher l’extension de la carrière de ciment d’Holcim, menaçant le plateau de la Birette. Elle été occupée par le collectif "Les Orchidées", en référence à une espèce d’orchidées protégées de la colline du Mormont.

Créée en octobre 2020, la ZAD est démantelée en 2021. La police cantonale vaudoise entame l’évacuation des activistes le 30 mars 2021. Les forces de l’ordre déploient environ 600 personnes pour cette opération d’envergure. Les militant.x.e.s sont rapidement délogé.x.e.s, et quelques-unexs occupent des arbres pour résister, mais iels finissent par être également évacué.x.e.s. Quarante-huit personnes refusent de donner leur identité et sont retenu.x.e.s en arrestation pendant plus de 24 heures, tout ou partie de ces personnes sont soumises à une fouille à nu.

Diverses procédures judiciaires se poursuivent les années suivantes contre les manifestant.x.e.s et contre la police.


Après l’occupation

Après l’évacuation en 2021, le militantisme subsiste toujours et a investi d’autres lieux de luttes.

Notamment par l’art, à travers une exposition de 52 portraits photographiques de militant.x.e.s, mais aussi une pièce de théâtre réalisée par une militante au Théâtre de Vidy, nommée « Boom ! Une odyssée dans des territoires en lutte ». Un livre a également été publié aux Editions d’en bas : "Orchidées contre béton armé - Mémoires de la ZAD de la colline".

La lutte a aussi continué politiquement à travers l’initiative populaire "Sauvons le Mormont" qui a été lancée en 2022. Les membres du comité de l’« Initiative pour une sauvegarde du patrimoine naturel et des ressources », dite « Initiative Sauvons le Mormont » ont officiellement annoncé, en janvier 2022, le lancement de la récolte de signatures. Réunissant de nombreux partis et associations, ils et elles souhaitent ainsi inscrire dans la Constitution vaudoise la protection du Mormont et l’encouragement aux matériaux de constructions alternatifs au béton, durables et locaux. Depuis, un contre-projet à l’initiative “Sauvons le Mormont” a été proposé par le Conseil d’Etat. Mais le comité d’initiative s’est prononcé en faveur du maintien de l’initiative face au contre-projet et donc de la soumettre au vote de la population, vraisemblablement en septembre 2025. Dans le contre-projet, l’absence de la protection du Mormont dans la Constitution et des objectifs trop vagues sur le domaine de la construction ont motivé ce choix.


Jusqu’au Tribunal fédéral

Enfin, l’action a également continué jusqu’au Tribunal fédéral.

En effet, une quarantaine de militant.x.e.s du Mormont ont dû être jugé.x.e.s, dès janvier 2022 au Tribunal d’arrondissement de La Côte, à Nyon. Le 24 janvier 2022, les jugements concernant les sept premiers militants acquittent totalement deux personnes et partiellement cinq autres. La seule infraction retenue est l’empêchement d’accomplir un acte officiel. Le procureur réclamait 2 à 6 mois de prison ferme, mais les juges relèvent le motif honorable des participants et les condamnent à des peines de 8 à 15 jours-amendes avec sursis.

En juillet 2022, la chambre des recours pénale du Tribunal cantonal a jugé « nulles » les ordonnances pénales « contre inconnu » rendues contre plusieurs personnes ayant refusé de donner leur identité le jour l’évacuation. Certaines d’entre elles ont été identifiées ultérieurement mais ne peuvent plus être condamnées à la suite du retrait de la plainte d’Holcim.

En septembre 2022, le Tribunal fédéral juge que les ordonnances pénales « contre inconnu » sont valables et que les oppositions anonymes le sont donc aussi (toutes deux permettant une individualisation sans ambiguïté, même en l’absence de nom, notamment avec des empreintes digitales). Ces cas doivent donc être rejugés par le Tribunal cantonal.

En octobre 2023, les condamnations de plusieurs zadistes sont annulées par le Tribunal fédéral car les condamné-es s’étaient vu refuser toute possibilité de faire appel en raison de leur anonymat, enfreignant le droit fondamental à un procès équitable


Voir le film

Le film

C PAS FINI est un court-métrage proposant une réflexion à plusieurs voix sur l’action directe, l’implication de l’État et du capital et les effets de la répression.

Réalisation : Lara Schroeter


Synopsis

Automne 2020, Vaud : la Colline du Mormont, est occupée. C’est la première zone à défendre (ZAD) de Suisse, s’opposant à l’extension de la carrière de ciment d’Holcim, menaçant le plateau de la Birette.

Au printemps 2021, l’occupation est évacuée.

Les voix de cinq des occupant.x.e.s font revivre leurs souvenirs de ce moment. L’accablement émotionnel s’est peu à peu transformé en analyse rationnelle. Beaucoup de souvenirs paraissent lointains à présent, et beaucoup de choses auraient été faites différemment aujourd’hui, mais certaines expériences restent gravées dans les mémoires et ne s’effaceront pas de sitôt. Au fil du récit, émerge une question complexe :

Qu’est-ce que cela fait d’être livré à l’arbitraire de la police au nom du capital et de l’État ?

Couche après couche, les pelleteuses enlèvent la roche, mais les souvenirs restent.


Note d’intention

Après avoir connu la vie à la ZAD de la colline et vécu son évacuation, je suis retourné.e à Lucerne. Pourtant j’ai gardé un lien proche avec le collectif désormais dispersé. Depuis cette position entre proximité et distance géographique, j’ai pu observer les processus que nous avons traversé pendant les semaines, mois, années après cet événement marquant. J’ai vu beaucoup se passer au niveau de la santé mentale des individus du collectif. J’ai observé des positions politiques se clarifier et évoluer encore et encore. Et peut-être le plus important pour moi, j’ai vu comment nous nous remettions en question nous mêmes, constamment, de façon très différenciée. Cette remise en question se trouvait en grand écart avec l’image que donnaient les médias et l’opinion publique dominante. À travers ce film, j’ai donc voulu créer un espace pour des voix de ZADistes, un espace qui invite le public à les entendre comme moi je les perçois : intelligentes, humbles, honnêtes. Et qu’il puisse développer à travers cet approche émotionnelle plus de compréhension pour les motifs des militante.x.s, leur façon d’agir, leur colère.


La ZAD de la colline : C’est quoi ?

La ZAD (zone à défendre) de la Colline était située sur la colline du Mormont, près d’Éclépens et de La Sarraz, en Suisse (VD). Première ZAD de Suisse, elle avait pour but d’empêcher l’extension de la carrière de ciment d’Holcim, menaçant le plateau de la Birette. Elle été occupée par le collectif "Les Orchidées", en référence à une espèce d’orchidées protégées de la colline du Mormont.

Créée en octobre 2020, la ZAD est démantelée en 2021. La police cantonale vaudoise entame l’évacuation des activistes le 30 mars 2021. Les forces de l’ordre déploient environ 600 personnes pour cette opération d’envergure. Les militant.x.e.s sont rapidement délogé.x.e.s, et quelques-unexs occupent des arbres pour résister, mais iels finissent par être également évacué.x.e.s. Quarante-huit personnes refusent de donner leur identité et sont retenu.x.e.s en arrestation pendant plus de 24 heures, tout ou partie de ces personnes sont soumises à une fouille à nu.

Diverses procédures judiciaires se poursuivent les années suivantes contre les manifestant.x.e.s et contre la police.


Après l’occupation

Après l’évacuation en 2021, le militantisme subsiste toujours et a investi d’autres lieux de luttes.

Notamment par l’art, à travers une exposition de 52 portraits photographiques de militant.x.e.s, mais aussi une pièce de théâtre réalisée par une militante au Théâtre de Vidy, nommée « Boom ! Une odyssée dans des territoires en lutte ». Un livre a également été publié aux Editions d’en bas : "Orchidées contre béton armé - Mémoires de la ZAD de la colline".

La lutte a aussi continué politiquement à travers l’initiative populaire "Sauvons le Mormont" qui a été lancée en 2022. Les membres du comité de l’« Initiative pour une sauvegarde du patrimoine naturel et des ressources », dite « Initiative Sauvons le Mormont » ont officiellement annoncé, en janvier 2022, le lancement de la récolte de signatures. Réunissant de nombreux partis et associations, ils et elles souhaitent ainsi inscrire dans la Constitution vaudoise la protection du Mormont et l’encouragement aux matériaux de constructions alternatifs au béton, durables et locaux. Depuis, un contre-projet à l’initiative “Sauvons le Mormont” a été proposé par le Conseil d’Etat. Mais le comité d’initiative s’est prononcé en faveur du maintien de l’initiative face au contre-projet et donc de la soumettre au vote de la population, vraisemblablement en septembre 2025. Dans le contre-projet, l’absence de la protection du Mormont dans la Constitution et des objectifs trop vagues sur le domaine de la construction ont motivé ce choix.


Jusqu’au Tribunal fédéral

Enfin, l’action a également continué jusqu’au Tribunal fédéral.

En effet, une quarantaine de militant.x.e.s du Mormont ont dû être jugé.x.e.s, dès janvier 2022 au Tribunal d’arrondissement de La Côte, à Nyon. Le 24 janvier 2022, les jugements concernant les sept premiers militants acquittent totalement deux personnes et partiellement cinq autres. La seule infraction retenue est l’empêchement d’accomplir un acte officiel. Le procureur réclamait 2 à 6 mois de prison ferme, mais les juges relèvent le motif honorable des participants et les condamnent à des peines de 8 à 15 jours-amendes avec sursis.

En juillet 2022, la chambre des recours pénale du Tribunal cantonal a jugé « nulles » les ordonnances pénales « contre inconnu » rendues contre plusieurs personnes ayant refusé de donner leur identité le jour l’évacuation. Certaines d’entre elles ont été identifiées ultérieurement mais ne peuvent plus être condamnées à la suite du retrait de la plainte d’Holcim.

En septembre 2022, le Tribunal fédéral juge que les ordonnances pénales « contre inconnu » sont valables et que les oppositions anonymes le sont donc aussi (toutes deux permettant une individualisation sans ambiguïté, même en l’absence de nom, notamment avec des empreintes digitales). Ces cas doivent donc être rejugés par le Tribunal cantonal.

En octobre 2023, les condamnations de plusieurs zadistes sont annulées par le Tribunal fédéral car les condamné-es s’étaient vu refuser toute possibilité de faire appel en raison de leur anonymat, enfreignant le droit fondamental à un procès équitable




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