Par Clément Bourdin, publié le 29 juin 2021 Voir l’article source sur EPIC
En partenariat avec la plateforme À nous de jouer ! dédiée à l’engagement des jeunes, EPIC te propose sa série Portraits associatifs. Jusqu’à la fin de l’été, découvre chaque mois et demi une association, les personnes qui s’y engagent pour faire vivre la culture locale et les valeurs qu’elles défendent. Pour ce sixième épisode, on s’intéresse au collectif La Fonte, situé dans le quartier de Carouge, qui accueille dans son espace des artistes émergent·e·s. Rencontre au milieu de la cour intérieure de La Fonte avec deux membres du collectif : Luca Kasper et Marie Marcon.
Depuis combien de temps faites-vous partie de La Fonte et comment avez-vous rejoint le collectif ?
Luca Kasper (LK) : Avant de parler du collectif La Fonte, il faut mentionner l’association Les Halles de la Fonderie, fondée en 2017 par Isabelle Papaloïzos et Claudine Kasper, qui avait pour but de sauver de la destruction l’espace où nous nous trouvons actuellement. J’ai rejoint l’association en 2018, mais à ce moment-là, nous n’étions pas encore en possession des lieux. Une fois le lieu sauvé, l’association s’est mise à chercher parmi ses membres des personnes prêtes à gérer les lieux. C’est alors que six membres de l’association se sont organisés pour fonder le collectif La Fonte et prendre en charge la gestion de cet espace, dont nous avons reçu les clés en février 2019.
Marie Marcon (MM) : Pour ma part, j’ai rejoint l’association en 2018. Luca et moi n’avons pas été impliqué dans la lutte pour la préservation du lieu, mais c’est nous qui avons fondé, avec quatre autres membres de l’association, le collectif qui gère cet endroit.
Quels sont les buts et les valeurs de votre collectif ?
LK : Notre but premier était de transformer un lieu abandonné en un lieu culturel. Nous voulons raviver le lieu pour justifier sa place ici à Carouge.
MM : Dans un second temps, nous voulons promouvoir une forme d’art qui soit la moins clivante possible. On veut que différents publics puissent venir à La Fonte : des enfants, des personnes âgées ou des gens qui n’ont jamais vu de performance par exemple. On recherche un esprit de convivialité.
L’idée est de mettre le lieu à disposition d’artistes qui n’ont pas beaucoup d’expérience ou de possibilités de présenter leur travail. Et il y a une grosse demande en la matière à Genève, notamment de la part d’artistes jeunes.
Combien de personnes sont membres du collectif ?
MM : Le collectif La Fonte est composé de six personnes, les mêmes depuis les débuts du collectif il y a maintenant trois ans.
LK : Au sein de l’association Les Halles de la Fonderie, nous sommes une vingtaine.
Comment fonctionnez-vous au sein de votre collectif ?
MM : Tout d’abord, les membres du collectif n’ont pas un rôle fixe défini. Ou du moins, les rôles ne sont pas définis sur le long terme. Selon les besoins et nos qualifications, nos rôles varient : parfois c’est organiser la programmation, parfois c’est aider à aménager un espace dans lequel on peut également se retrouver à gérer un bar.
LK : Pour ce qui est des réunions, on se voit une fois par semaine sur place à Carouge. On a la chance d’avoir un lieu dans lequel se retrouver. Pour nous, c’est important de se voir régulièrement et d’avoir le temps d’échanger. Une réunion dure environ deux heures, mais le plus souvent, c’est plus une discussion qu’une réunion, et elle se finit en apéro.
Quel est le budget annuel de l’association ?
MM : La première année, quand on a lancé La Fonte, on avait un tout petit budget de 4’000 CHF. La deuxième année on a demandé 30’000 CHF de subventions pour le fonctionnement général et 11’000 CHF en plus pour l’aménagement du lieu, sachant que nous ne nous payons pas du tout pour notre activité. Pour la troisième année, nous n’avons pas encore de budget de fonctionnement stable et établi.
LK : Après trois ans d’activité, nous avons quasiment terminé l’aménagement du lieu, qui nous a pris beaucoup de temps et d’argent. La prochaine étape, c’est de mettre en place une grille de rémunération, même modeste, en faveur des artistes.
Crédits : @collectiflafonte
Êtes-vous à la recherche de membres ?
LK : Avec l’association Les Halles de la Fonderie, on est clairement à la recherche de nouveaux membres. On aimerait toujours avoir plus de personnes prêtes à s’engager, qui proposent des projets ou qui souhaitent simplement filer des coups de main.
Avec le collectif La Fonte, notre structure à six marche super bien pour le moment, mais on est conscient·e que on va devoir évoluer sur le long terme. Cependant, on se rend compte que ce n’est pas si évident de trouver des personnes pour le collectif, car cela demande beaucoup d’engagement.
Pourquoi vous êtes-vous organisés sous la forme d’une association ? Quels étaient les défis ?
LK : Au départ, l’association Les Halles de la Fonderie a été créée pour des raisons politiques : il s’agissait d’avoir un organisme qui puisse négocier avec le Conseil municipal de Carouge, qui puisse avoir le poids nécessaire lors des assemblées.
MM : Au-delà de l’aspect politique, la structure associative permet également de faire des demandes de fonds ou de rémunérer les artistes que nous accueillons.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un·e jeune qui hésite à s’engager dans une association culturelle ?
LK : Dans le monde associatif, je ne fais partie que de La Fonte, donc j’ai relativement peu d’expérience. Mais ce que je peux dire, c’est que c’est très intéressant de découvrir tous les rôles et les spécificités d’une association culturelle : trouver un lieu, mettre en place une programmation, organiser un événement, gérer un bar, etc. Les tâches sont vraiment variées.
MM : Une association, c’est presque une mini-entreprise, on est obligé de toucher à tout : on fait de la comptabilité, on plante des clous et monte des meubles, on est au service des artistes, etc. C’est passionnant car c’est un enseignement complet.
Quels sont les défis dans une association de manière générale ? Et plus particulièrement au sein de la vôtre ?
MM : Un défi important est l’aspect collaboratif au sein d’une association. Dans une association, tu es obligé·e de travailler en collaboration avec d’autres personnes. Réussir à avancer ensemble est un sacré défi. Lorsque ça marche, cela peut être fantastique, mais cela peut être parfois très difficile aussi.
LK : Plus spécifiquement pas rapport à La Fonte, nous devons faire face au défi de positionner le collectif sur le long terme. Il nous faut trouver notre place culturelle à Carouge, et rendre le lieu indispensable. C’est notre principal défi je dirais.
Quelles sont les priorités de l’association dans un futur proche ? Et dans un futur plus lointain ?
LK : D’une part que le lieu trouve sa place dans le quartier. Et d’autre part mettre en place un barème pour rémunérer les artistes.
MM : Pour ce qui est de la programmation, on aimerait avoir plus de cohérence dans notre curation, par exemple en ayant un thème par saison. On aime bien également lorsqu’il y a des échanges entre le lieu et les artistes invité·e·s. on souhaiterait favoriser cela à l’avenir.
LK : Sur le plus long terme, notre priorité est d’avoir une vision pour le lieu. Cela prendra un peu de temps mais c’est un but important.
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La Fonte en contre-plongée (Crédits : @manoukrp)
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