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Aux Grottes, une maison de quartier peu ordinaire

#grottes     #pré en bulle    

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pré en bulle

C’est un lieu coloré niché derrière la gare Cornavin à Genève. Grâce à des activités socioculturelles rigolotes et originales, les habitants se rencontrent dans l’espace public et se mobilisent pour préserver leur qualité de vie.

 

Par Ariane Mawaffo, monitrice d’accueil au Tamagotchi, pré en bulle, Genève

Comment envisager l’occupation de l’espace public urbain dans le cas d’un quartier protéiforme et multiculturel ? C’est l’une des nombreuses missions que s’est fixée pré en bulle, une Maison de Quartiers fondée en 1996 à Genève par des habitants des Grottes, des Cropettes et de Montbrillant. En vingt ans, elle s’est peu à peu fondue dans le paysage, les places et les rues. Une évidence aujourd’hui qui ne l’a pas toujours été.

Cela fait cinq ans que j'ai intégré l'équipe, d'abord en tant qu’intervenante danse, puis comme monitrice d’accueil au Tamagotchi, un local qui accueille des adolescents autour d'ordinateurs. C'est la première structure que j'ai eu la chance d'intégrer en tant que professionnelle, peu après être arrivée du Cameroun en Suisse. J'ai eu l'occasion de participer à presque toutes les activités, autant en tant que monitrice qu'en tant qu’utilisatrice des services d'animation. J'ai toujours été intriguée par la qualité de cette présence dans les espaces publics et par le rapport que les habitant·e·s ont avec cette Maison de Quartiers qu'ils considèrent, selon l'une d'elles, comme « un lieu où on se sent accueillie ». Partageant cet avis, j'ai voulu en savoir un peu plus et je livre ici le résultat de mon enquête.

Une Maison pour trois quartiers

Pour comprendre ce qui fait la particularité de ce lieu pas comme les autres, il faut d’abord s’intéresser à sa position géographique : un espace étendu, à la jonction de trois quartiers distincts. Une telle disposition a demandé de l’adaptabilité de la part des fondateurs, le comité d’habitants de l’époque.

Didier Arnoux, animateur depuis 1997, membre de l’équipe professionnelle de quatre personnes, explique : « Nous sommes dans un secteur composé de quartiers avec des histoires différentes, on ne pouvait prétendre centraliser les informations dans un seul lieu si nous souhaitions prendre en compte la diversité des trois quartiers » [1]. Les Grottes sont particulièrement réputées pour être l’un des endroits les plus multiculturels et les plus cosmopolites de Genève, marquées par le militantisme social et culturel. Les diverses couches sociales et générationnelles s’y côtoient au quotidien d’où le besoin de mettre en place un lieu qui favorise la rencontre. En vingt ans, le quartier a réussi à se construire un solide réseau qui œuvre à sa sauvegarde.

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La mobilité : l’élément inédit

Comme pour toute Maison de Quartier, un lieu est nécessaire pour accueillir les activités. Pendant ses premières années, la structure n’avait cependant pas obtenu de local adéquat et les fondateurs ont alors parié sur une méthode encore inédite : la mobilité. Selon Hélène Wuthrich Hom, animatrice, le challenge était de créer des outils mobiles efficaces pour intervenir facilement. Et c’est grâce aux triporteurs, tricycles et autres charrettes, que pré en bulle a concrétisé son ambition : aller à la rencontre des habitants. L’occupation de l’espace public, née d’une contrainte, s’est métamorphosée en projet d’occupation de la rue de manière ludique et inédite.

« Nous avons pu, avec les triporteurs, aller à la rencontre des gens dans les préaux, les parcs, les cours et les places. C’étaient des lieux historiques de rencontres dans les Grottes ou encore des lieux qui n’étaient pour certains que des lieux de passage et qui, à la demande des habitants, devenaient le temps d’une journée ou d’un week-end, le principal centre des activités », raconte Hélène. Les animations font redécouvrir un espace inoccupé, incitent les habitants à réinvestir la rue et les endroits abandonnés, encouragent les gens à redescendre sur les places desquelles ils s’étaient éloignés avec l’urbanisation de la ville et la sédentarisation.

Les Grottes s’animent

Il n’est donc pas rare de croiser, au détour d’un carrefour, un gigantesque bonhomme hiver promis à un sacrifice ultérieur suivie par un flot d’habitants ravis et criards, une flashmob avec des aînés sur la place des Grottes, un cirque improvisé avec un grand gaillard sur des échasses dans le parc des Cropettes, un concert de musiques traditionnelles kurdes, une compétition de danses urbaines ou alors un bal costumé pour célébrer l’été. « Les projets sont en général assez simples : improbables, audacieux, avec du panache. Ils donnent envie de s’amuser et s’inscrivent dans notre volonté de partager du soleil, de donner du sourire. Ce sont des activités qui semblent rigolotes en surface, mais qui participent, dans le fond, à la réalisation d’un objectif précis : celui de susciter des rencontres et des échanges entre des personnes d’origines diverses », déclare Didier.

Aux Grottes, tout est permis, surtout lorsque le public-cible, c’est tout le monde : enfants, adolescents, jeunes adultes et aînés. « Nous n’excluons personne. Cela peut aller de la démonstration de Parkour à la course de déambulateur, nous n’avons pour limite que ce qui est défini dans la charte associative. En offrant une large palette d’activités, on agit de manière spéculaire avec la diversité du quartier en termes d’âge, de genre et d’origine. Avec nos thématiques variées et innovantes, nous sommes certains de toucher différentes personnes et de répondre à des intérêts différents. C’est génial ! » renchérit Hélène.

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La participation citoyenne

Si les habitants sont les premiers bénéficiaires des activités, ils en sont également le moteur. C’est ce qu’avait constaté Didier dans le cadre d’une recherche pour sa formation à la Haute École de travail social. La fréquentation de la rue par les jeunes et les habitants de tous les âges est indispensable pour une approche des problématiques autour de l’intégration, de la vie sociale et du lien social. A la question de savoir ce que signifie investir le domaine public, les deux animateurs répondent spontanément et d’un commun accord : « Cela signifie utiliser les forces de ceux qui sont dans le quartier et imaginer des projets en fonction des besoins des habitants. »

« pré en bulle joue un rôle très important dans ce processus dans la mesure où il permet de créer et de tisser les liens entre les habitants », déclare Reini Hui, co-président de l’Association. Cet enseignant est d’ailleurs un des exemples de l’engagement citoyen suscité par la structure. Après son installation douze ans plus tôt avec sa famille, il remarque toutes les activités organisées dans l’espace public. « Ayant trois jeunes enfants, nous étions principalement attirés par les événements organisés pour cette tranche d’âge à ce moment-là. Nous étions curieux de savoir qui organisait tout cela, parce que c’était différent de ce que nous avions vu dans d’autres lieux. Peu à peu, je me suis rapproché autant du comité bénévole constitué de douze habitant·e·s que de l’équipe d’animation. Je me suis rapidement intégré dans le comité parce qu’il correspondait parfaitement à ma vision d’un engagement dans la vie sociale. » Un choix logique et une sorte d’alternative à un engagement politique : « Avec nos activités, nous avons une occasion d’influencer notre entourage de manière assez directe. C’est très motivant. »

Didier souligne l’importance de l’habitant dans le processus : « Notre chef, ce sont les habitants dont les ressources financières, sous la forme d’impôts, sont redistribuées dans les activités des maisons de quartier. Par conséquent, nous tissons un lien de confiance avec eux, en nous assurant, avec l’appui du comité, que ces ressources sont correctement utilisées. La confiance entre nous et les habitants est au cœur de notre intervention dans l’espace public. »

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L’espace public : un vaste terrain de jeu

Cet étroit lien de confiance et surtout la circulation de l’énergie entre membres, animateurs et habitants fait que les Grottes sont perçues comme un vaste terrain de jeu. C’est du moins ce qu’affirme Stéphanie Martin Christie, co-présidente et trésorière de l’Association : « Dans ce quartier, on retrouve les côtés positifs de la ville et pas trop les côtés négatifs. Il y a un poumon de verdure qui va des Grottes au Grand Saconnex, qui invite à l’occuper, à y faire des fêtes. C’est notre terrain de jeu et nous en sommes très friands, c’est un aspect que nous ne retrouvons nulle part ailleurs. »

Un constat que partagent également Didier et Hélène ainsi que les deux autres animateurs, Sébastien Cramer et Anaïs Venturi, et les quatre-vingts moniteurs et intervenants dont ils s’entourent pour mener à bien leurs tâches. Le jeu sert ainsi de cadre, de mot-clé et de fil rouge à l’équipe pour créer un environnement détendu.

Grâce à leur démarche, les parents et les enfants sont sûrs de trouver un espace où ils se sentent non seulement en sécurité, mais également un lieu où ils partagent des moments de qualité en famille, comme pour Stéphanie : « Le mercredi est par exemple devenu un moment privilégié que ma famille et moi passons au Parc des Cropettes. On peut y rencontrer d’autres personnes ; c’est devenu un lieu de rendez-vous, un espace où on développe le vivre-ensemble. »

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Administration, quand tu nous tiens

Une telle structure requiert toutefois énormément d’organisation, une situation que déplorent les animateurs : « Pour certaines tâches administratives, c’est devenu laborieux ces derniers temps. Il y a une inflation d’exigences administratives qui nous oblige à passer plus de temps devant nos ordinateurs. C’est dommage. » Quant au comité, il a à cœur de garantir le bon fonctionnement de tout ce petit monde et la qualité des liens avec la Fondation pour l’animation socioculturelle (employeur administratif) et la Ville de Genève (principal soutien financier). Malgré leurs exigences, les institutions apportent un soutien loyal et renouvelé à pré en bulle. Cette reconnaissance constitue un excellent stimulant pour les membres du comité, l'équipe d'animation et tous les habitants. A noter que, même si ses tâches sont souvent chronophages, le comité a toujours été constitué de plus d’une dizaine de personnes qui s’engagent sur cinq années au minimum. Une particularité qui fait la force de ce comité.

Devant l’urbanisation, il est urgent de remettre la rue au cœur du mode de vie des habitants. En novembre 2017, une série d’ateliers intitulée Va voir dehors si j’y suis s’est tenu aux Grottes. La question centrale qui a guidé les réflexions était de savoir comment se réapproprier l’espace public à travers l’animation socioculturelle. L’association pré en bulle semble avoir trouvé une réponse pour le quartier, mais elle sait aussi qu’elle doit continuellement s’adapter à la ville avec son rythme et ses mutations.

 

www.preenbulle.ch

C’est un lieu coloré niché derrière la gare Cornavin à Genève. Grâce à des activités socioculturelles rigolotes et originales, les habitants se rencontrent dans l’espace public et se mobilisent pour préserver leur qualité de vie.

 

Par Ariane Mawaffo, monitrice d’accueil au Tamagotchi, pré en bulle, Genève

Comment envisager l’occupation de l’espace public urbain dans le cas d’un quartier protéiforme et multiculturel ? C’est l’une des nombreuses missions que s’est fixée pré en bulle, une Maison de Quartiers fondée en 1996 à Genève par des habitants des Grottes, des Cropettes et de Montbrillant. En vingt ans, elle s’est peu à peu fondue dans le paysage, les places et les rues. Une évidence aujourd’hui qui ne l’a pas toujours été.

Cela fait cinq ans que j'ai intégré l'équipe, d'abord en tant qu’intervenante danse, puis comme monitrice d’accueil au Tamagotchi, un local qui accueille des adolescents autour d'ordinateurs. C'est la première structure que j'ai eu la chance d'intégrer en tant que professionnelle, peu après être arrivée du Cameroun en Suisse. J'ai eu l'occasion de participer à presque toutes les activités, autant en tant que monitrice qu'en tant qu’utilisatrice des services d'animation. J'ai toujours été intriguée par la qualité de cette présence dans les espaces publics et par le rapport que les habitant·e·s ont avec cette Maison de Quartiers qu'ils considèrent, selon l'une d'elles, comme « un lieu où on se sent accueillie ». Partageant cet avis, j'ai voulu en savoir un peu plus et je livre ici le résultat de mon enquête.

Une Maison pour trois quartiers

Pour comprendre ce qui fait la particularité de ce lieu pas comme les autres, il faut d’abord s’intéresser à sa position géographique : un espace étendu, à la jonction de trois quartiers distincts. Une telle disposition a demandé de l’adaptabilité de la part des fondateurs, le comité d’habitants de l’époque.

Didier Arnoux, animateur depuis 1997, membre de l’équipe professionnelle de quatre personnes, explique : « Nous sommes dans un secteur composé de quartiers avec des histoires différentes, on ne pouvait prétendre centraliser les informations dans un seul lieu si nous souhaitions prendre en compte la diversité des trois quartiers » [1]. Les Grottes sont particulièrement réputées pour être l’un des endroits les plus multiculturels et les plus cosmopolites de Genève, marquées par le militantisme social et culturel. Les diverses couches sociales et générationnelles s’y côtoient au quotidien d’où le besoin de mettre en place un lieu qui favorise la rencontre. En vingt ans, le quartier a réussi à se construire un solide réseau qui œuvre à sa sauvegarde.

REISO PEB Detail2 400

 

La mobilité : l’élément inédit

Comme pour toute Maison de Quartier, un lieu est nécessaire pour accueillir les activités. Pendant ses premières années, la structure n’avait cependant pas obtenu de local adéquat et les fondateurs ont alors parié sur une méthode encore inédite : la mobilité. Selon Hélène Wuthrich Hom, animatrice, le challenge était de créer des outils mobiles efficaces pour intervenir facilement. Et c’est grâce aux triporteurs, tricycles et autres charrettes, que pré en bulle a concrétisé son ambition : aller à la rencontre des habitants. L’occupation de l’espace public, née d’une contrainte, s’est métamorphosée en projet d’occupation de la rue de manière ludique et inédite.

« Nous avons pu, avec les triporteurs, aller à la rencontre des gens dans les préaux, les parcs, les cours et les places. C’étaient des lieux historiques de rencontres dans les Grottes ou encore des lieux qui n’étaient pour certains que des lieux de passage et qui, à la demande des habitants, devenaient le temps d’une journée ou d’un week-end, le principal centre des activités », raconte Hélène. Les animations font redécouvrir un espace inoccupé, incitent les habitants à réinvestir la rue et les endroits abandonnés, encouragent les gens à redescendre sur les places desquelles ils s’étaient éloignés avec l’urbanisation de la ville et la sédentarisation.

Les Grottes s’animent

Il n’est donc pas rare de croiser, au détour d’un carrefour, un gigantesque bonhomme hiver promis à un sacrifice ultérieur suivie par un flot d’habitants ravis et criards, une flashmob avec des aînés sur la place des Grottes, un cirque improvisé avec un grand gaillard sur des échasses dans le parc des Cropettes, un concert de musiques traditionnelles kurdes, une compétition de danses urbaines ou alors un bal costumé pour célébrer l’été. « Les projets sont en général assez simples : improbables, audacieux, avec du panache. Ils donnent envie de s’amuser et s’inscrivent dans notre volonté de partager du soleil, de donner du sourire. Ce sont des activités qui semblent rigolotes en surface, mais qui participent, dans le fond, à la réalisation d’un objectif précis : celui de susciter des rencontres et des échanges entre des personnes d’origines diverses », déclare Didier.

Aux Grottes, tout est permis, surtout lorsque le public-cible, c’est tout le monde : enfants, adolescents, jeunes adultes et aînés. « Nous n’excluons personne. Cela peut aller de la démonstration de Parkour à la course de déambulateur, nous n’avons pour limite que ce qui est défini dans la charte associative. En offrant une large palette d’activités, on agit de manière spéculaire avec la diversité du quartier en termes d’âge, de genre et d’origine. Avec nos thématiques variées et innovantes, nous sommes certains de toucher différentes personnes et de répondre à des intérêts différents. C’est génial ! » renchérit Hélène.

REISO PEB Detail3 400

 

La participation citoyenne

Si les habitants sont les premiers bénéficiaires des activités, ils en sont également le moteur. C’est ce qu’avait constaté Didier dans le cadre d’une recherche pour sa formation à la Haute École de travail social. La fréquentation de la rue par les jeunes et les habitants de tous les âges est indispensable pour une approche des problématiques autour de l’intégration, de la vie sociale et du lien social. A la question de savoir ce que signifie investir le domaine public, les deux animateurs répondent spontanément et d’un commun accord : « Cela signifie utiliser les forces de ceux qui sont dans le quartier et imaginer des projets en fonction des besoins des habitants. »

« pré en bulle joue un rôle très important dans ce processus dans la mesure où il permet de créer et de tisser les liens entre les habitants », déclare Reini Hui, co-président de l’Association. Cet enseignant est d’ailleurs un des exemples de l’engagement citoyen suscité par la structure. Après son installation douze ans plus tôt avec sa famille, il remarque toutes les activités organisées dans l’espace public. « Ayant trois jeunes enfants, nous étions principalement attirés par les événements organisés pour cette tranche d’âge à ce moment-là. Nous étions curieux de savoir qui organisait tout cela, parce que c’était différent de ce que nous avions vu dans d’autres lieux. Peu à peu, je me suis rapproché autant du comité bénévole constitué de douze habitant·e·s que de l’équipe d’animation. Je me suis rapidement intégré dans le comité parce qu’il correspondait parfaitement à ma vision d’un engagement dans la vie sociale. » Un choix logique et une sorte d’alternative à un engagement politique : « Avec nos activités, nous avons une occasion d’influencer notre entourage de manière assez directe. C’est très motivant. »

Didier souligne l’importance de l’habitant dans le processus : « Notre chef, ce sont les habitants dont les ressources financières, sous la forme d’impôts, sont redistribuées dans les activités des maisons de quartier. Par conséquent, nous tissons un lien de confiance avec eux, en nous assurant, avec l’appui du comité, que ces ressources sont correctement utilisées. La confiance entre nous et les habitants est au cœur de notre intervention dans l’espace public. »

REISO PEB Detail4 400

 

L’espace public : un vaste terrain de jeu

Cet étroit lien de confiance et surtout la circulation de l’énergie entre membres, animateurs et habitants fait que les Grottes sont perçues comme un vaste terrain de jeu. C’est du moins ce qu’affirme Stéphanie Martin Christie, co-présidente et trésorière de l’Association : « Dans ce quartier, on retrouve les côtés positifs de la ville et pas trop les côtés négatifs. Il y a un poumon de verdure qui va des Grottes au Grand Saconnex, qui invite à l’occuper, à y faire des fêtes. C’est notre terrain de jeu et nous en sommes très friands, c’est un aspect que nous ne retrouvons nulle part ailleurs. »

Un constat que partagent également Didier et Hélène ainsi que les deux autres animateurs, Sébastien Cramer et Anaïs Venturi, et les quatre-vingts moniteurs et intervenants dont ils s’entourent pour mener à bien leurs tâches. Le jeu sert ainsi de cadre, de mot-clé et de fil rouge à l’équipe pour créer un environnement détendu.

Grâce à leur démarche, les parents et les enfants sont sûrs de trouver un espace où ils se sentent non seulement en sécurité, mais également un lieu où ils partagent des moments de qualité en famille, comme pour Stéphanie : « Le mercredi est par exemple devenu un moment privilégié que ma famille et moi passons au Parc des Cropettes. On peut y rencontrer d’autres personnes ; c’est devenu un lieu de rendez-vous, un espace où on développe le vivre-ensemble. »

REISO PEB Detail5 400

 

Administration, quand tu nous tiens

Une telle structure requiert toutefois énormément d’organisation, une situation que déplorent les animateurs : « Pour certaines tâches administratives, c’est devenu laborieux ces derniers temps. Il y a une inflation d’exigences administratives qui nous oblige à passer plus de temps devant nos ordinateurs. C’est dommage. » Quant au comité, il a à cœur de garantir le bon fonctionnement de tout ce petit monde et la qualité des liens avec la Fondation pour l’animation socioculturelle (employeur administratif) et la Ville de Genève (principal soutien financier). Malgré leurs exigences, les institutions apportent un soutien loyal et renouvelé à pré en bulle. Cette reconnaissance constitue un excellent stimulant pour les membres du comité, l'équipe d'animation et tous les habitants. A noter que, même si ses tâches sont souvent chronophages, le comité a toujours été constitué de plus d’une dizaine de personnes qui s’engagent sur cinq années au minimum. Une particularité qui fait la force de ce comité.

Devant l’urbanisation, il est urgent de remettre la rue au cœur du mode de vie des habitants. En novembre 2017, une série d’ateliers intitulée Va voir dehors si j’y suis s’est tenu aux Grottes. La question centrale qui a guidé les réflexions était de savoir comment se réapproprier l’espace public à travers l’animation socioculturelle. L’association pré en bulle semble avoir trouvé une réponse pour le quartier, mais elle sait aussi qu’elle doit continuellement s’adapter à la ville avec son rythme et ses mutations.

 



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