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Entretien avec Antonin Calderon : qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire ?

Publié par
Jet d'Encre

Par Sophie Helle, publié le 29 avril 2020

© Naïma Pollet ¦ @naimapollet

À l’heure où notre système socio-économique est chamboulé, des interrogations concernant nos modes de consommation et de vie se posent. Antonin Calderon, socio-économiste spécialisé dans les économies collaboratives, a pris le temps de répondre aux questions de Sophie Helle. Employé à la Chambre de l’économie sociale et solidaire (APRES-GE), co-fondateur et porte-parole de la monnaie locale Le Léman et co-fondateur de l’épicerie participative le NID, Antonin est un acteur de la transition vers une économie sociale et solidaire, notamment dans la région lémanique.

Est-ce que tu pourrais nous expliquer ce qu’est l’économie sociale et solidaire ?

Antonin Calderon : L’économie sociale et solidaire est un mouvement qui prend ses racines au 19e siècle. C’est une manière de voir, de concevoir et de faire de l’économie. Il y a un côté assez théorique, avec pas mal d’auteurs qui ont écrit dessus, et un côté très pratique avec, par exemple, des ouvriers qui ont récupéré des usines et créé des mutuelles ou des coopératives. C’est donc tout ce terreau-là qui a permis l’émergence de l’économie sociale d’un côté, et l’économie solidaire de l’autre. Concrètement, ça se traduit actuellement à Genève dans tous les secteurs d’activités, tous domaines confondus. Le réseau genevois a été créé il y a plus de 15 ans, après le Forum Social Mondial de Porto Alegre en 2003.

L’économie sociale et solidaire se définit par différents critères économiques. Un des plus intéressants est celui de la lucrativité limitée : il faut que l’externalité d’une entreprise qui propose un bien ou un service soit axée sur la société et non pas sur ses actionnaires. Cela change donc énormément les prises de décisions et de position dans les conseils d’administration, qui ne sont donc pas mû par leur intérêt privé relatif au versement de dividendes en fin d’année, mais plutôt par ce qui est réellement proposé comme bien ou service. Quand tu arrives en fin d’exercice, le bénéfice que tu as fait est en partie distribué aux personnes qui détiennent le capital de la structure : dans le cadre d’une coopérative, c’est à l’ensemble de ses membres. La manière de concevoir cette lucrativité aura des conséquences très concrètes sur les décisions en termes de direction, de stratégie, de pression sur les salariés, etc. Le problème n’est donc pas l’activité économique. On peut avoir une activité économique qui est viable, où il y a de bons salaires, une entreprise qui fonctionne à l’équilibre voire qui fait des bénéfices pour pouvoir avoir des fonds propres et investir dans de nouveaux projets.

La lucrativité est donc un des éléments-clés. Après, il y a également des critères de transparence, d’intérêt collectif, etc.

En résumé, l’idée de l’économie sociale et solidaire est de mettre l’économie et le profit au service de la société et de l’environnement.

Une société ne peut plus être viable dans un environnement qu’on détruit, cela rend les conditions de vie de plus en plus complexes voire impossibles. L’économie doit donc être en adéquation avec les limites de la biosphère. Voilà pour la petite introduction !

En cette période de crise sanitaire, on a d’ailleurs observé le début d’une dégringolade de la Bourse, où les cours se sont effondrés en un temps record1. Quelles sont selon toi les causes de cette crise ?

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Par Sophie Helle, publié le 29 avril 2020

© Naïma Pollet ¦ @naimapollet

À l’heure où notre système socio-économique est chamboulé, des interrogations concernant nos modes de consommation et de vie se posent. Antonin Calderon, socio-économiste spécialisé dans les économies collaboratives, a pris le temps de répondre aux questions de Sophie Helle. Employé à la Chambre de l’économie sociale et solidaire (APRES-GE), co-fondateur et porte-parole de la monnaie locale Le Léman et co-fondateur de l’épicerie participative le NID, Antonin est un acteur de la transition vers une économie sociale et solidaire, notamment dans la région lémanique.

Est-ce que tu pourrais nous expliquer ce qu’est l’économie sociale et solidaire ?

Antonin Calderon : L’économie sociale et solidaire est un mouvement qui prend ses racines au 19e siècle. C’est une manière de voir, de concevoir et de faire de l’économie. Il y a un côté assez théorique, avec pas mal d’auteurs qui ont écrit dessus, et un côté très pratique avec, par exemple, des ouvriers qui ont récupéré des usines et créé des mutuelles ou des coopératives. C’est donc tout ce terreau-là qui a permis l’émergence de l’économie sociale d’un côté, et l’économie solidaire de l’autre. Concrètement, ça se traduit actuellement à Genève dans tous les secteurs d’activités, tous domaines confondus. Le réseau genevois a été créé il y a plus de 15 ans, après le Forum Social Mondial de Porto Alegre en 2003.

L’économie sociale et solidaire se définit par différents critères économiques. Un des plus intéressants est celui de la lucrativité limitée : il faut que l’externalité d’une entreprise qui propose un bien ou un service soit axée sur la société et non pas sur ses actionnaires. Cela change donc énormément les prises de décisions et de position dans les conseils d’administration, qui ne sont donc pas mû par leur intérêt privé relatif au versement de dividendes en fin d’année, mais plutôt par ce qui est réellement proposé comme bien ou service. Quand tu arrives en fin d’exercice, le bénéfice que tu as fait est en partie distribué aux personnes qui détiennent le capital de la structure : dans le cadre d’une coopérative, c’est à l’ensemble de ses membres. La manière de concevoir cette lucrativité aura des conséquences très concrètes sur les décisions en termes de direction, de stratégie, de pression sur les salariés, etc. Le problème n’est donc pas l’activité économique. On peut avoir une activité économique qui est viable, où il y a de bons salaires, une entreprise qui fonctionne à l’équilibre voire qui fait des bénéfices pour pouvoir avoir des fonds propres et investir dans de nouveaux projets.

La lucrativité est donc un des éléments-clés. Après, il y a également des critères de transparence, d’intérêt collectif, etc.

En résumé, l’idée de l’économie sociale et solidaire est de mettre l’économie et le profit au service de la société et de l’environnement.

Une société ne peut plus être viable dans un environnement qu’on détruit, cela rend les conditions de vie de plus en plus complexes voire impossibles. L’économie doit donc être en adéquation avec les limites de la biosphère. Voilà pour la petite introduction !

En cette période de crise sanitaire, on a d’ailleurs observé le début d’une dégringolade de la Bourse, où les cours se sont effondrés en un temps record1. Quelles sont selon toi les causes de cette crise ?

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